Houellebecq et ma voiture...

Publié le par HONORE

Dans un peu plus de deux mois, dans le petit monde des lettres françaises, ce sera l'effervescence. Je veux parler de la désormais sacro-sainte "rentrée littéraire", qui est devenue une véritable machine de guerre médiatico-commerciale, avec ses fausses stars et surtout sa logique folle de surproduction, qui voit l'étouffement des rares oeuvres intéressantes par la masse des produits marketing, qui flattent le narcissisme de mes contemporains, et qui ne donnent aucune vision du monde (ce qu'on attend pourtant de la littérature, et en particulier du genre romanesque).
Il y a deux semaines, le magazine culturel branché Les Inrockuptibles dégainait le premier, et mettait en vente un hors-série autour de la prochaine star des lettres de la fin août, à savoir un certain Michel Houellebecq... Celui-ci commence à être un habitué, après son deuxième roman, "Les particules élémentaires", à la rentrée 98, et son ouvrage "Plateforme" en 2001 qui avait suscité une belle polémique, notamment par son apologie du tourisme sexuel...

Août 2005 verra donc l'hégémonie de "La possibilité d'une île", titre provisoire du "nouveau Houellebecq". Notre bonhomme a donc tout pour agacer... Ce serait négliger un paramètre, pourtant essentiel : ses écrits. Je parlais plus haut de vision du monde. Autant le succès médiatique d'une Christine Angot se regardant le nombril tient franchement de l'imposture, autant je ne peux en dire de Houellebecq.

Car aux côtés de Benoît Duteurtre, de Philippe Muray et d'Alain Soral, il est l'un des rares à avoir une vision lucide des mutations de notre société contemporaine et des conséquences de celles-ci sur la condition de l'homme post-moderne. Certes, sa vision des choses n'est pas plaisante, elle est même franchement pessimiste... Car l'évolution des moeurs, la tyrannie de la pub, de la com, du juridisme, j'en passe et des meilleurs, tout cela rend notre monde faux et franchement irrespirable...

Dans l'entretien qu'il donne aux Inrocks, on voit Houellebecq arriver en voiture. De son aveu, il n'avait jamais eu de voiture auparavant, et il pouvait désormais goûter au plaisir de "laver sa voiture"...
Cela peut paraître anecdotique, et pourtant... Ce genre de détails est révélateur de la condition de l'homme contemporain, de sa solitude dans la foule. Cette phrase m'a touché, m'a fait réfléchir... Est-ce ce qui m'a poussé à moi aussi vouloir éprouver cette sensation ? Je viens donc de m'acheter une voiture. Je peux dire que je ressemble désormais un peu plus à mes contemporains. J'ai fait des études supérieures, je vais bientôt intégrer la "vie active", je vais devoir afficher ma "mobilité géographique" sur mon CV, peut-être vais-je chercher un boulot à l'étranger... J'irai en vacances au soleil (comme les tourismes de "Plateforme"), j'irai en week-end avec ma voiture, et je m'arrêterai laver ma voiture à L'éléphant bleu, à moins que je ne la lave sur le parking devant chez moi... Voilà ce que sera ma condition. Ca vous fait pas rêver ???

-Et bientôt sur mon blog une belle photo de ma pomme devant ma bagnole. Si c'est pas la misère ça !!!

Publié dans Mes lectures...

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B
Deux remarques tout de même à cette plume estivale.<br /> Une semaine avant l'île espagnole de MH, sort le pavé romanesque d'un certain MgD... qui, je suis étonné, n'a pas le droit de cité avec ses poteaux par oeuvres interposées....<br /> <br /> Deuxième, le coup de la voiture et de la condition sont un peu de mauvaise foi. Un peu je l'assure rentrer dans la vie active en marchant à pied, bon à patins à roulettes c'est plus classe, mais a pieds, avec des chaussures de ville c'est encore possible... et quant à la seconde, les dérivés de la condition, c'est une énumération d'excuses... en bref et en images, c'est pas de ma faute je me suis acheté le dernier drapeaux à la mode alors que tous mes voisins etaient résitsants euh je veux dire silencieux... a chacun son chemin croix publicitaire....<br /> <br /> La bierre fraiche, voila ma condition...<br /> <br /> Votre humble lecteur<br /> Beedjay
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